Schéma de commercialisation des céréales au mali

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Rapport technique de S. DIARRA and A. DIALLO and B. SOULE - 2011

  • Référence bibliographique
  • Année de publication
  • 2011
  • Auteur(s)
  • S. DIARRA and A. DIALLO and B. SOULE
  • Titre du document
  • Schéma de commercialisation des céréales au mali
  • Titre en anglais
  • Diagram of grain marketing in mali
  • Nombre de pages
  • 67
  • Pays concerné(s)
  • Mali
  • Thésaurus associé(s)
  • ESPEs-Africa
  • Mots-clé(s) ESPEs-Africa
  • Accès au marché de commercialisation
    Appui à la transformation
    Commercialisation et contractualisation
    Autres actions de soutien
    Prospectives de développement du commerce
  • Enregistré le
  • 2011-12-14
  • Modifié le
  • 2011-12-14
  • Administré par
  • aboudou fatiou
  • Résumé
  • Résumé
    1. Le marché des produits céréaliers du Mali a enregistré de profondes mutations, suite aux reformes structurelles qu’il a connues depuis le début des années quatre Vingt. Cependant, sa performance se heurte à la persistance d’un certain nombre de problèmes inhérents à sa très forte exposition à divers chocs endogènes et externes. Le marché des produits céréaliers doit faire à l’enjeu classique des marchés des produits vivriers des pays en développement en général, et ceux de l’Afrique de l’Ouest en particulier, celui dit du dilemme des prix.

    2. En effet le défi majeur auquel est confronté le fonctionnement du marché céréalier est, comment concilier les préoccupations de garantie de prix rémunérateurs aux producteurs et celles d’assurer un accès à l’alimentation aux consommateurs à des prix compatibles à la faiblesse du pouvoir d’achat de l’immense majorité d’entre eux. Cette situation soulève l’épineuse question du ciblage de la catégorie des acteurs à soutenir (petits producteurs souvent déficitaires, ou la minorité dégageant des excédents commercialisables) ou pour améliorer la performance du marché.

    3. Le marché des céréales du Mali est caractérisé par une structure en pleine mutation. La demande connait une augmentation rapide, impulsée par une croissance démographique assez forte et les besoins des pays voisins. Elle est de plus en plus segmentée en lien avec les changements d’habitude alimentaire induits par l’amélioration du pouvoir d’achat d’une frange de plus en plus importante des consommateurs (urbains, notamment). A cela s’ajoute le développement des besoins en aliments pour l’aviculture. Le développement de certains segments du marché, notamment de ceux du riz et du maïs traduit les tendances lourdes de la demande, de plus en plus portée sur des produits normés et plus faciles à cuisiner.

    4. L’offre des produits céréaliers a connu une augmentation substantielle au cours des vingt dernières années. Les productions céréalières ont cru à un rythme moyen supérieur à celui de la croissance démographique. Les progrès les plus remarquables ont été enregistrés au niveau du riz et du maïs qui ont bénéficié des incitations assez suivies (initiatives, riz, maïs). A travers ces produits, le Mali compte à court et moyen termes, dégager de substantiels surplus à exporter vers les pays voisins. L’augmentation de l’offre se traduit par une très forte réduction de la dépendance extérieure du pays en céréales. Le taux de couverture des besoins locaux par la production nationale du riz est le plus élevé de l’Afrique de l’Ouest (plus de 80%).

    5. L’offre souffre encore de la faible valorisation des produits, de l’insuffisance des infrastructures commerciales, notamment de celles de stockage et de la faiblesse du niveau d’organisation de certains acteurs (producteurs et commerçants). En dépit des efforts fournis par les acteurs à tous les niveaux (secteur privé et Etat) pour promouvoir la transformation, le marché est encore largement dominé par des produits tout venant. La très forte atomicité des producteurs, à laquelle s’ajoute la faiblesse des infrastructures de stockage, ne permet pas d’avoir une connaissance fine de l’ampleur et du niveau des stocks tant paysan que commerçant. Cette situation motive les pouvoirs publics à prendre, certaines années des mesures restreignant les exportations de céréales.

    6. En effet les incertitudes sur le niveau de l’offre, les stratégies de gestion des risques déployées par les acteurs privés, la relative faiblesse de la capacité d’intervention de l’Etat (le stock d’intervention de l’Etat n’est que de 25 à 30 000 tonnes, moins de 0,5 % des céréales commercialisées) ne permettent pas une régulation du marché au sens de stabilisation des prix. La récurrente double fluctuation (interannuelle et inter saisonnière) des prix est parfois amplifiée par des pics de volatilité résultant de la transmission de la conjoncture internationale sur le marché national.

    7. Les prix nominaux des céréales toutes catégories confondues, ont plus que doublé tant au niveau producteur, que consommateur. On notera cependant que l’augmentation a été relativement plus forte au cours de la décennie 2001-2011 comparée à la décennie 1990-2000. Concernant la variabilité saisonnière, une analyse des indices saisonniers calculés à partir des séries de prix moyens nationaux au consommateur montre que, durant la période de 1990 à 2010, les prix ont augmenté en moyenne de 21% pour le mil, 28% pour le sorgho, 27% pour le maïs, 16% pour le riz local, 7% pour le riz RM40 importé et 5% pour le riz brisé importé.

    8. Le schéma de commercialisation implique un grand nombre d’acteurs, dominés par les producteurs, qui représentent le maillon le plus faible de la chaine, les transformateurs très actifs autour de deux grandes filières (riz et blé), mais dont la composante artisanale et semi industrielle éprouve des difficultés à fournir des produits normés et standardisés. A eux s’ajoutent deux autres acteurs considérés comme les plus influents du système : les commerçants et l’Etat. L’Etat en plus de son rôle de réglementation, s’est doté de deux instruments d’intervention : le Stock National de Sécurité, le Stock d’Intervention de l’Etat. Par contre les commerçants, fort diversifiés dans leur composition, n’arrivent pas à jouer la fonction d’acteurs de régulation du marché, conformément aux orientations issues de la libéralisation.

    9. De façon synthétique, l’analyse diagnostique du fonctionnement du marché fait apparaitre un certain nombre de contraintes qui obèrent sa performance. Au nombre de celles fréquemment citées par les acteurs privés, on note :

    a. Les problèmes de financement des activités aussi bien de production, de transformation que de commercialisation. Le problème est moins l’absence de sources de financement, que l’inadéquation des conditions posées d’accès aux crédits avec la nature des activités des filières agricoles. Les taux des crédits sont très élevés et de nombreux acteurs ne peuvent pas justifier de garantie suffisante pour y accéder.

    b. Les problèmes de stockage caractérisés par l’insuffisance des infrastructures, et la faiblesse propension des commerçants à prendre le risque d’un long entreposage des produits céréaliers. De ce fait le niveau et l’ampleur des stocks paysans et commerçants sont mal connus.
    c. L’asymétrie de l’information entre tous les acteurs, qui ne permet pas d’avoir des prix équitables sur le marché. De même la qualité de l’information sur le fonctionnement des différentes filières n’est pas optimale en dépit du grand nombre de dispositifs déployés à cette fin.
    d. Le faible niveau d’organisation des acteurs, notamment des commerçants qui n’a pas favorisé à ce jour l’émergence d’une véritable interprofession fédérant l’ensemble des préoccupations des producteurs, des transformateurs/industriels, des commerçants et autres intermédiaires.
    e. La qualité des produits qui ne respectent pas encore les normes et standards non seulement internationaux, mais n’arrivent pas à suivre les tendances lourdes des besoins des consommateurs.
    10. Pour lever ces contraintes, il est apparu nécessaire de proposer un schéma qui repose sur un système flexible et robuste de commercialisation, ayant la capacité de s’adapter rapidement aux conditions et opportunités du marché. Ce schéma repose sur un paradigme simple ; (i) il s’appuie sur les orientations stratégiques définies par les différentes politiques agricoles et commerciales (nationales et régionales), (ii), il confère une place prépondérante aux acteurs privés. Ce schéma vise à améliorer la performance du marché à partir d’une stratégie reposant sur quatre piliers : (i) l’amélioration du système d’information, (ii) la densification et l’amélioration des infrastructures de stockage, (iii) la professionnalisation des acteurs et la normalisation et standardisation des produits, (iv) l’amélioration de l’environnement réglementaire de la commercialisation des céréales.

    11. La mise en œuvre du schéma est sous tendu par un programme dont la finalité est que «d’ici à l’horizon 2022, l’amélioration de la commercialisation des céréales contribue à maintenir à un niveau élevé la production céréalière, à réduire l’insécurité alimentaire, à augmenter les revenus des producteurs et à réduire substantiellement la pauvreté ». Il a pour objectif d’« améliorer le fonctionnement du marché céréalier en vue de garantir la sécurité alimentaire et intensifier les exportations des surplus de production ».

    12. Le programme de mise en œuvre du schéma comporte trois axes d’intervention ou objectifs spécifiques: (i) améliorer la connaissance du marché des produits céréaliers, (ii) faciliter le commerce des céréales dans l’optique de la garantie de la sécurité alimentaire, (iii) améliorer le cadre réglementaire et institutionnel du commerce des produits céréaliers. Il comporte huit (8) résultats majeurs et vingt et une activités décomposées en actions.

    13. Le schéma institutionnel de mise en œuvre fait de l’interprofession, la principale instance de régulation du marché. Il conforte l’Etat dans sa fonction de réglementation et de contrôle. Il repose sur les principes de partenariat et de responsabilisation des acteurs privés et de faire faire.
  • Résumé en anglais
  • Summary
    1. The market for cereals in Mali has recorded significant changes, following the structural reforms he has known since the early eighties. However, its performance is hampered by the persistence of a number of problems inherent in its very high exposure to various endogenous and external shocks. The market for grain products must be to challenge traditional markets of food products from developing countries in general and those of West Africa in particular, said that the price dilemma.

    2. Indeed, the major challenge facing the operation of the grain market is how to reconcile the concerns of ensuring remunerative prices to producers and those to ensure access to food to consumers at prices consistent with the low power of purchase of the vast majority of them. This raises the thorny issue of targeting the category of supporting actors (small producers often loss-or minority-marketable surpluses) or to improve market performance.

    3. The grain market in Mali is characterized by a structure changing. The demand is growing rapidly, driven by population growth strong enough and needs of neighboring countries. It is becoming more segmented in line with changes in eating habits induced by improved purchasing power of a fringe increasingly important to consumers (urban, etc.). Add to this the development of food requirements for poultry. The development of certain market segments, including those of rice and maize reflects trends in demand, more and more focused on standardized products and easier to cook.

    4. The supply of grain products has increased substantially over the last twenty years. Grain production has grown at an average rate higher than population growth. The most notable progress has been achieved in rice and corn that have received incentives rather followed (initiatives, rice, corn). Through these products, Mali has short and medium term, generate substantial surplus for export to neighboring countries. The increase in supply results in a drastic reduction of external dependence of the country's cereal. The coverage of local needs through domestic production of rice is the highest in West Africa (80%).

    5. The offer is still suffering from the low value of products, lack of commercial infrastructure, including those for storage and the low level of organization of certain actors (producers and traders). Despite the efforts of actors at all levels (private and government) to promote the transformation, the market is still dominated by products all comers. The very strong atomicity of producers, combined with weak infrastructure of storage, does not have a detailed knowledge of the extent and level of inventories as peasants a trader. This motivates the government to take measures restricting some years grain exports.

    6. Indeed, uncertainty about the level of supply, risk management strategies deployed by private actors, the relatively low response capacity of the state (the stock of government intervention is that 25 to 30 000 tonnes, less than 0.5% of grain traded) do not regulate the market for the purposes of price stabilization. The double recurrent fluctuation (interannual and inter seasonal) prices is sometimes amplified by spikes in volatility resulting from the transmission of the international situation on the domestic market.

    7. Nominal prices of cereals in all categories, more than doubled both in producer, consumer. Note however that the increase was relatively higher during the decade 2001-2011 compared with 1990-2000. On the seasonal variability, an analysis of seasonal indices calculated from a series of national average prices to the consumer shows that during the period 1990 to 2010, prices increased on average by 21% for millet, 28% for sorghum , 27% for maize, 16% for local rice, 7% for rice imported RM40 and 5% broken rice imported.

    8. The marketing scheme involves a large number of players, dominated by producers, which are the weakest link in the chain, processors very active on two major sectors (rice and wheat), but the component artisanal and semi industry finds it difficult to provide standardized and standardized products. Between them there are two other actors considered the most influential of the system: the traders and the state. The state in addition to its regulatory role, has developed two policy instruments: the National Security Stock, the Stock of State intervention. As against the traders, very diverse in their composition, can not play the function of regulating the market actors, the lines from liberalization.

    9. In summary, the diagnostic analysis of the functioning of the market shows a number of constraints obèrent performance. Among those frequently mentioned by private actors, there is:

    a. The problems of financing the activities of both production, processing and commercialization. The problem is less the lack of funding, the inadequacy of the conditions set access to credit with the nature of agricultural sectors. Credit rates are very high and many players can not prove adequate security for access.

    b. Storage problems characterized by poor infrastructure and weak propensity of traders to take the risk of long-term storage of grain products. Thus the level and extent of stock farmers and traders are poorly understood.
    c. The asymmetry of information between all stakeholders, which does not have fair prices on the market. Similarly, the quality of information on the operation of different sectors is not optimal despite the large number of devices deployed for this purpose.
    d. The low level of organization of actors, including traders who did not help to date the emergence of a genuine inter-federating all the concerns of producers, processors / manufacturers, traders and other intermediaries.
    e. The quality of products that do not yet meet the norms and standards not only international, but fail to follow the trends of consumer needs.
    10. To overcome these constraints, it became necessary to propose a scheme based on a flexible and robust marketing, with the ability to quickly adapt to the conditions and market opportunities. This scheme is based on a simple paradigm: (i) it relies on the strategic directions set by the various agricultural and trade policies (national and regional), (ii) it gives a major role to private actors. This scheme aims to improve market performance from a strategy based on four pillars: (i) improving the information system, (ii) intensification and improvement of storage facilities, (iii) level of professionalism and standardization, and standardization of products, (iv) improving the regulatory environment of the grain marketing.

    11. The implementation of the scheme is underpinned by a program whose purpose is that "by the year 2022, improving the marketing of cereals helps to maintain a high level of grain production, to reduce the food insecurity, increase farmers' incomes and reduce poverty substantially. " It aims to "improve the operation of the grain market to ensure food security and increase exports of surplus production."

    12. The program of implementation of the scheme has three areas of intervention or specific objectives: (i) improve knowledge of the market for cereal products, (ii) facilitate trade in cereals in the context of ensuring food security, (iii) improving the regulatory and institutional framework of trade in grain. It includes eight (8) and twenty major results and activities broken down into actions.

    13. The institutional framework for implementation due to the inter, the main regulator of the market. It strengthens the state in its regulatory function and control. It is based on the principles of partnership and accountability of private actors and to do so.