Facteurs sociodémographiques influençant les choix par les producteurs de Systèmes de culture à base d’igname dans la zone soudano-guinéenne du Bénin
- Abstract
- Au Bénin, la culture extensive et itinérante sur brûlis de l’igname contribue à la déforestation. Ce système de culture parvient du reste à ses limites car dans de nombreuses zones des forêts ne restent plus à défricher. Par conséquent, les producteurs développent de nouveaux systèmes de culture et les chercheurs élaborent des technologies visant la sédentarisation de l’igname. L’objectif de l’étude est d’analyser les facteurs sociodémographiques qui influencent les choix des producteurs entre des systèmes de culture à base d’igname dans la zone soudano-guinéenne du Bénin. Un échantillon de 40 producteurs de quatre villages contrastés du département des Collines (Djagballo, Adjanoudoho, Houala et Toui-Gare) a été constitué. Les données primaires ont été collectées par une enquête à l’aide d’entretiens semi-structurés et structurés et par des observations et suivis de parcelles d’igname sur un cycle complet de végétation. Les données ont été analysées avec des tableaux croisés, par l’analyse de variance suivie de tests de comparaison multiple de moyennes et de tests de Khi-deux à l’aide du logiciel SPSS 16.0. Cinq systèmes de culture à base d’igname ont été identifiés dont quatre étaient pratiqués par les producteurs. Le cinquième système à base de légumineuses herbacées et arbustives ne concernait pour l’instant que des villages d’expérimentation en collaboration avec la recherche agricole. L’enquête a révélé que les facteurs socio- démographiques suivants influençaient les choix des producteurs vis-à-vis de ces systèmes de culture à base d’igname : (1) Les autochtones, ayant accès à de la terre et plus souvent prospères que les autres, étaient nombreux à préférer le système traditionnel sur défriche-brulis ; ils cultivaient de grands champs souvent éloignés de leurs lieux d’habitation. (2) Les migrants installés depuis plus d’une génération, d’origines ethniques très variées, avaient un accès plus malaisé à de la terre et ils étaient nombreux à mettre en valeur les bas-fonds ; parmi eux, des producteurs assez jeunes ayant le niveau d’enseignement secondaire ont été dénombrés. (3) Les producteurs âgés ne désirant plus s’éloigner de leur habitation pour cultiver de l’igname ; les femmes et les migrants installés récemment cultivaient l’igname sur de « vieux champs » ayant de petites superficies. (4) Les agro-éleveurs, jamais scolarisés mais prospères, cultivaient l’igname derrière des parcs à bétail ; dans le groupe 3 que se retrouvaient les producteurs potentiellement les plus dépendants d’innovations leur permettant d’améliorer le rendement de l’igname sur « vieux champs ». Toutefois, des migrants récents et femmes étaient limités dans leurs choix par le statut foncier peu sécurisé de leurs terres. Pour assurer une adoption à grande échelle des systèmes à base d’igname intégrant des légumineuses herbacées et arbustives, il doit être nécessaire de promouvoir les instruments de sécurisation foncière et de veiller à l’adaptation de ces systèmes innovants à la culture en bas-fonds.
Mots clés : Facteurs sociodémographiques, choix, systèmes de culture à base d’igname, Bénin.
- English abstract
- Yam in shifting cultivation contributes to deforestation in Benin. However, forests have already been cleared in many areas and this cropping system is coming to its limits. Producers therefore have been developing alternative cropping systems. Researchers also have designed technologies for yam-based permanent cultivation systems. The study aims to assess the socio demographic factors influencing producers’ choice among several yam-based cropping systems found in the southern Guinea Savannah zone of Benin. A sample of 40 producers has been built from four contrasted villages located in the Collines Province (Djagballo, Adjanoudoho, Houala and Toui-Gare). Primary data have been collected in surveys using-structured and structured interviews and in on-farm observations and yam plots monitoring through a complete cycle of vegetation. Data were cross tabularized, variances analyzed, multiple comparisons of averages and Khi-2 tests conducted with the help of SPSS 16.0 software. Five yam-based cropping systems were identified, four of which are being cultivated by producers. The fifth system could only be found in the villages where on-farm experimentation with herbaceous and shrubby legumes was conducted in collaboration with researchers. Results revealed that the following a set of socio-demographic factors influenced producers’ choice of yam-based cropping systems: (1) Autochthonous producers had easy access to land, tended to be wealthier than the others and most of them preferred yam in shifting cultivation; they cropped large yam fields often far away from their home location. (2) Settlers since more than one generation displayed a large range of ethnic origins; their accessed to land is less easy and many of them were currently taking lowlands into use, also for yam; producers with a secondary school education were over-represented in this group. (3) Elder farmers preferred not to search for fertile fields far away from home; women and recent settlers also had to cultivate yam on mostly small-sized depleted “old plots”. (4) Livestock keepers were young, uneducated and wealthy; they grew yam in permanent cultivation on their previous cattle pens. Farmers who could be in the greatest need of innovations improving yam yields under permanent cultivation could be found in group 3. However, new settlers and women are constrained in their choices by their insecure land tenure. In order to up- and out scale the adoption of legume cover crops and shrubs in yam-based cropping systems, it will be necessary to combine the promotion of both technologies with instruments for land tenure security; technologies will also have to be adjusted to lowlands.
Key words: Socio-demographic factors, choice, yam-based cropping systems, Benin,